Mina serait décédée depuis mi-février 2022. Jamais, elle n'aura eu la retraite espérée.
C’est avec une immense peine et un grand désarroi que nous apprenons le décès de Mina, à l’âge de 56 ans. Cette éléphante d’Asie, longtemps exploitée aux côtés de Kamala et Lechmee, appartenant toutes trois à la société Arena Production, n’aura jamais eu le repos qu’elle méritait. Cela faisait des années que Free Life se battait pour puisse couler une retraite loin des camions, de l’itinérance mais surtout des coups d’ankus. Encore l’année dernière, pour elle, nous avions agit pour la sortir de là.
N'oublions jamais Mina :
Jusqu’à l’année dernière, il restait encore 8 éléphantes sur les routes de France. Baby, de la famille Bauer, qui se trouve aujourd’hui dans un lieu fixe ; Dumba, des Kludsky, se trouvant aujourd’hui au Elefantenhof Platschow, dans un cirque fixe en Allemagne où se trouve également Indra, ancienne éléphante de cirque français ; Rosa et Bambi, de la famille Falck, placées en compagnie de Buba au Kimba Elefant Park en Hongrie ; Nelly et Brigit, appartenant également à la famille Falck que nous n’avons plus vu sur les routes depuis le premier confinement ; Tania, de la famille Aucante, pour laquelle nous sommes pu aller à sa rencontre ainsi que que Mina et Kamala. L’année dernière, nous avions pu assister à plusieurs représentations, alors louées à la famille Douchet.
Depuis décembre, Kamala n’est plus sur la piste. Et depuis peu, elle s’est envolée au Pays de Galles où elle a pu rejoindre son ancienne amie, Lechmee et faire la connaissance de Valli. Mina n’aurait pas eu cette chance. D’après nos informations, Mina se serait éteinte à l’âge de 56 ans. Elle serait décédée de cause naturelle, son état expliquerait qu’on ne lui ait pas infligé le stress d’un déménagement au Pays de Galles.
Sa vie n’aura été qu’exploitation sous les chapiteaux, que ce soit en France ou à l’étranger. Née en Asie dans les années 70, Mina a été capturée très jeune puis vendu au Tyseley Pet Stores – société spécialisée dans la revente d’animaux exotiques. En 1973, elle est achetée, en compagnie de Lechmee et de deux autres éléphantes, par le cirque Chipperfield. Kamala [Camilla], elle, achetée également dans cette animalerie, se trouvait déjà sur les lieux depuis 1971 afin de remplacer la précédente éléphante du même nom décédée deux ans plus tôt. Le cirque possédait, avec cette acquisition, 10 éléphants mélangeant les sous-espèces africaines et asiatiques.
Un passé plein de violence :
Ce n’est qu’en 1975 que Kamala va rejoindre le groupe déjà formé par Mina [Meena], Lechmee ainsi que leur deux congénères, Sophie et Lisa. Dès lors, elles formeront un groupe d’éléphantes asiatiques laissant de l’autre côté un groupe d’éléphantes africaines. La même année signera le départ vers l’Autriche pour la troupe, jusqu’en 1979. C’est à ce moment-là que Sophie et Lisa disparaissent. Que deviendront-elles ? Décédées ? Revendues ? Personne n’aura jamais l’information. Aucune annonce officielle ne sera réalisée. Le temps passant, les éléphants du cirque sont maudits : deux d’entres-elles mourront asphyxiées dans un incendie, trois autres seront vendues à l’étranger… Fin des années 90, seules Lechmee, Mina et Kamala seront encore présentées.
Le 18 novembre 1999, après avoir fait le tour du monde, les éléphantes feront un long voyage pour revenir en Europe. De la Floride à la Caroline du Nord, les trois femelles auront voyagé pendant 2 jours dans leur véhicule, ne recevant de l’eau qu’à une seule reprise. Elles seront ensuite prises en charge dans un bateau. Effrayées par autant d’agitation, les trois dames auraient refusées de sortir de camion. Forcées par l’ankus, une fois sur les eaux en compagnie d’ours et de lions, elles auraient voyagées pendant 10 jours en ne recevant du foin qu’à deux reprises.
En décembre de la même année, le cirque part en direction d’Amsterdam. Là encore, les conditions de voyages auraient été catastrophiques, ne les laissant s’hydrater qu’à deux reprises. Sur place, les conditions météorologiques ne leur permettaient pas de sortir de leur box, voyant la lumière du soleil que pour aller sur la piste. Un ancien employé aurait déclaré que les répétitions auraient été extrêmement violentes. Il n’y avait aucune complicité, uniquement de la méchanceté, de la peur et de la violence puisque le dresseur avait l’ankus facile. Elles traverseront les pays, passant par la France avant de rejoindre l’Espagne. Là-bas, les pachydermes que nous connaissons auraient été enfermés sous un minuscule barnum non chauffé, enchaînées et sous-alimentées.
Lechmee commençait alors à souffrir d’une arthrite mais était forcée de se produire. Elle aurait été battue à plusieurs reprises pour la faire travailler. Mina, refusant de se déplacer, tout comme Kamala qui avait refusée de réaliser un numéro furent violemment battue. Pendant plusieurs années, Mina et ses compagnes d’infortunes resteront entre les mains de leur bourreau avant d’être rachetées par la société Arena Production pour se produire en France.
Les causes de sa mort :
De notre côté, nous rencontrons Mina en 2017, à Toulon (83). Elle est alors exploitée sous le chapiteau du Grand Cirque de Saint-Pétersbourg, en compagnie de Lechmee et Kamala. Souffrant de nombreuses stéréotypies, attachée pour la préparation du numéro, sous la menace de l’ankus une fois sur scène, sa vie ne ressemble pas à un compte de fée… Et jamais nous ne l’oublierons. Nous avons pu recevoir d’anciennes vidéos. Comme la première au-dessus, en date de 2012 où Mina se reçoit un coup de fouet sur la trompe et barrit. Jusqu’à l’année dernière, où nous recevions la vidéo de Mina, à Guérande, refusant d’avancer et – comme par le passé – se faire punir pour cela. Toulon, Nice, Martigues, Marseille, Brest, Lyon, Guérande, Avignon… C’est dans toute la France que nous avons pu suivre ses conditions de vie et celle de ses compagnes.
Finalement, après tant d’années d’exploitation pour le divertissement humain, Mina aura peut être trouvé son repos dans sa présumée mort alors qu’une place était prévue pour elle. Elle était si proche d’avoir la retraite si bien méritée. Une vie paisible d’éléphant, la vie qu’elle aurait toujours dû avoir. Mais le destin en aura décidé autrement. Julie Lasne tient à préciser que la durée maximum généralement observée d’un éléphant serait d’une soixantaine d’années en liberté et le tiers à moitié moins en captivité. Mina s’approchait à grands pas de cet âge. Elle serait, par conséquent, potentiellement morte à un âge tout à fait acceptable contrairement à de nombreux éléphants de cirque qui survivent rarement au-delà de 40 ans [voir notre encadré, plus bas]. Si cela est affirmé, elle rejoint la liste des géants de cirque, qui n’auront jamais pu avoir une vie en dehors des camions, comme Betty, Delhi ou Sabbah.
Jamais, elle n’aura eu la chance de se mouvoir à son gré, sans crainte de l’ankus qui a pu la faire tant souffrir pendant toutes ces années. Ni même prendre des bains de boue ou de sable à sa guise.
Mina rejoint la liste des pachydermes décédés avant leur retraite :
Ces magnifiques en intelligentes créatures que sont les éléphants sont nombreuses à s’être éteintes avant de pouvoir bénéficier d’une vraie retraite loin des chapiteaux.
– En 2020, les éléphants africains Mambo (né en 1983) et Betty (1984) ont trouvés la mort asphyxiés dans un incendie.
– En 2019, l’éléphante Baby (1971) appartenant anciennement au cirque Pinder est décédée.
– En 2018, l’éléphante Diana (1964) décède lors d’un accident de camion en Espagne.
– En 2017, les éléphantes du cirque Pinder, Delhi (1968) et Sabbah (1970) auraient toutes les deux été euthanasiées.
Mina a donc rejoint cette longue liste… Mais nos actions pour elle ne s’arrêtent pas. Pour la libérer de son enfer perpétuel, nous avons menés de nombreuses actions allant jusqu’à déposer plainte aux côtés de l’association One Voice pour des faits de maltraitances. Nous avons également un rapport de la fondation Born Free, attestant du comportement de Mina comme ces derniers avaient pu nous fournir pour les lions du cirque Idéal aujourd’hui sauvés.